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Yacine Belhousse - 20 ans de nimp'

07/10
 
 
Génie excentrique que le monde entier nous envie, Yacine Belhousse a débuté lors d'une soirée stand-up à Saint-Denis, « La Famille », le 27 octobre 2005. Pour célébrer ses 20 ans de rires surréalistes, il convie ses fans à une grande fête le 27 octobre 2025, au même endroit (billets disponibles sur son site : yacinebelhousse.com).  Pour Fluide, je vous propose une petite rétrospective en compagnie du maître hexagonal de l'humour absurde sur une carrière iconoclaste riche en dingueries en tout genre.
 
Thomas Bernard : Comment t’est venue ta vocation d’humoriste ?
Yacine Belhousse : J'ai toujours aimé regarder des sketchs et des comédies en famille. À la maison, on matait beaucoup les sketchs des Nuls sur Canal+ ou des Inconnus sur la 2. J'étais déjà dans cet univers-là, on va dire. Je savais que c'était quelque chose qui existait. Mais ce qui m'a lancé, c'est de voir en 99 le spectacle de Seinfeld sur Canal, « I'm Telling You For The Last Time ». Je me suis dit : c'est génial ce truc. Je ne connaissais rien au stand-up. Pour moi, c'était complètement inconnu au bataillon comme forme. Je connaissais que les sketchs et en regardant ça, je me suis dit que c’était fait pour moi. Je suis plutôt introverti ; je n'irais pas mettre des perruques, des moustaches pour faire rire. Par contre, raconter des anecdotes, essayer d'être rigolo un peu plus naturellement, ça me semblait hyper intéressant. Je me suis donc lancé dans l’écriture de vannes puis je me marrais en les racontant à des copains.

T.B. : Comment débarques-tu dans le Jamel Comedy Club ?
Y.B. : À l’époque très peu de personnes faisaient du stand-up. En 2005, il y avait pas de scènes, pas de clubs ni de soirées. Il fallait s'accrocher pour en faire. Ça ne passait pas à la télé, ni nulle part ailleurs. Tout se faisait au bouche-à-oreille. Donc, mon nom a circulé via le Comte de Bouderbala auprès de Kader Aoud, metteur en scène du Jamel Comedy Club et le cocréateur de l'émission. À ce moment-là ― et ça va paraître vraiment fou ce que je vais dire ― mais il cherchait du monde. Aujourd'hui, ça serait complètement affolant... Là, il était en galère, il n’y avait personne à part Moustapha El Atrassi, Thomas Ngijol et quelques autres.
 
 
T.B. : Tes influences ?
Eddie Izzard ! C’est l’humoriste UK la plus connue pour son humour surréaliste et très absurde. Elle a même été élue septième Monty Python par les Monty Python en personne. Elle fait des blagues étranges avec beaucoup de personnages qui se relaient dans ses sketchs aux chutes ultra débiles. C'est à la fois très intelligent et très ouf. C'est méga drôle parce qu’elle parle d'histoire avec un grand H mais toujours avec une perception hyper colorée et magique. Il y a un propos humaniste derrière, où elle va parler, par exemple, de l'Empire anglais dans son show « Dress To Kill » ― que je recommande ― du colonialisme, mais de manière fun sans être culpabilisant tout en démontrant l'idiotie du truc... C'est une personne trans et à l'époque, dans les années 80-90, elle portait déjà des vêtements féminins et faisait des blagues dessus sans jamais se justifier. Je l'ai découverte à l'époque du Jamel Comedy Club, quand d'autres comiques me disaient que mon taf ressemblait au sien. C’est une inspiration énorme pour moi ; ça m'a poussé à continuer dans ce sens-là parce que c'était très difficile de captiver les gens avec mon humour étrange. Eddie, c'est un bel exemple de réussite à suivre dans ce domaine-là. On a eu la chance de la rencontrer avec Dédo et on a même sympathisé : quand on a le même type d'humour, les blagues passent toujours bien.
 

T.B. : Mais c’est quoi ton humour ?
Y.B. : J'ai toujours aimé l'humour absurde, l'humour un peu loufoque, surréaliste. C'est ce qui me touche le plus. C'est celui qui est le plus en train d'imagination. L'humour politique me touche pas trop. Je me souviens quand j'étais petit, il y avait Guy Bedos à la télé, je comprenais rien. J'aimais beaucoup Coluche, mais c'est plus le côté où, justement, il expliquait des trucs compliqués de façon très simple. On n'avait pas besoin d'avoir des réf’ pour comprendre ce qu'il disait. Ce qu'il y a de bien avec l'humour surréaliste, c'est que souvent, c'est des histoires avec des choses un peu folles qui s’y passent. Du coup, il y a pas besoin d'avoir des références ni de non-dit bizarre. C'est un voyage imaginaire dans lequel on embarque le public. Chez moi, des flaques parlent, des dragons se battent... Quand je pars dans une démonstration sur ce que j'aime ou ce que je n'aime pas, je fais souvent des métaphores qui vont très loin, comme celle de l'homme qui n'a pas de cul, « l’homme sans cul ».

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Voulez-vous rire avec moi ce soir ?
 
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Y.B. : En 2014, Eddie Izzard me dit : « Mec, tu es marrant mais il faut que tu joues en anglais, ça va te faire voyager dans le monde entier. » Il m'a donc aidé à produire mon spectacle et au final j'ai joué dans 18 pays. À la fin de ce périple, j'ai voulu faire un documentaire sur l'humour à l'international. Mon idée de départ : rit-on de la même blague en France, aux USA, à Montréal, en Allemagne, en Belgique ? J'ai interviewé des tas d’artistes du monde entier pour expliquer ça au public. »
 
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L'Histoire racontée par des chaussettes, le Film. https://www.youtube.com/channel/UCrp9ngtJ52JQ3XM1RF9rNIg
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 Y.B. : Tous les vendredis, le Jamel Comedy Club présentait un sketch au Grand Journal. Un soir la prod nous demande d’écrire un truc sur Édouard Baer dont le dernier spectacle rassemble plein de petits shows variés. On décide donc de faire pareil : plein de petits numéros dont le nôtre avec Dédo : l'histoire racontée par des chaussettes. Ça nous a tellement fait rire qu’on en a réalisé des petits films avec décors, costumes, etc. J'ai réuni une équipe de copains que j'avais à la fac de cinéma ou au théâtre et en 2007, on fait le pilote de la série. À la base, on cherchait à la vendre à une chaîne de télé mais ça n’a rien donné. Du coup, on l'a diffusé sur YouTube et ça a eu du succès pour le YouTube de 2007. Le temps passe et comme des fans venaient toujours nous en parler en tournée, on a lancé un crowdfunding en 2017 pour fêter les 10 ans des Chaussettes et financer de nouveaux épisodes.  On a fait un beau DVD, plein de gags, plein d’autocollants, des tas de goodies pour faire plaisir aux gens. On a réussi à avoir suffisamment d'argent pour faire 10 nouveaux épisodes qu’on a mis sur notre chaîne et ça a vachement bien marché. Comme Canal+ était intéressé par nos stand-up, je leur ai proposé les Chaussettes et, étrangement, ils ont dit oui cette fois. Des chaussettes qui parlent, c’est très bizarre pour plein de gens, mais ça reste tranché : soit on adore, soit on ne comprend pas du tout. Le premier film, on l’a financé avec l'aide de nos producteurs « Bonne Pioche » qu'on salue bien bas.
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Le Trône des Frogz.
 
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 Y.B. : Je voulais faire juste une parodie de Game of Thrones et finalement, ça s'est transformé en série. C'est passé d’une suite de petits sketchs à un récit un peu plus compliqué, un peu plus lié. J’ai appris énormément en faisant ça : réaliser, diriger des êtres humains parce que j’avais surtout l’habitude de bosser avec des chaussettes... Faire de la direction d'acteurs, j'ai beaucoup aimé, puisqu'en fait, ça ressemble beaucoup à du théâtre et du théâtre, j'en ai fait beaucoup, même avant le Jamel Comedy Club. J'ai adoré faire ça, c'était vraiment cool. »
 
 
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