Fin juillet, j’ai retrouvé Mathieu Madénian à la terrasse d’un bar de la belle cité de Collioure dont il parraine le festival d’humour (festival-collioure.com) depuis 4 ans. Frais comme un papa qui a filé le bib de 4h du mat’ sans retrouver le sommeil, il m’a laissé lui payer un café et lui poser quelques questions. Voici les réponses d’un pater dans le pâté.Thomas Bernard: Ça te vient d’où le sens de l’humour ?
Mathieu Madénian: Quand tu es petit, l’humour est un moyen de te faire accepter. Ça vient de ton environnement familial : tu as envie de faire rire tes parents. Ton père se marre devant De Funès et toi, tu mates ton père et tu te dis, mais bon sang, c'est quoi le pouvoir qu'a ce mec-là pour faire rire mon vieux ? Il faut absolument que j'ai le même ! C'est aussi le fait d'avoir plein de potes qui sont super mignons, qui s'habillent avec les dernières fringues et qui plaisent à tout le monde... Toi tu te dis : va falloir vraiment que je tire mon épingle du jeu. J’ai qu’à essayer d'être marrant, tiens. Sinon, l'humour, c'est aussi une espèce d'arme. Une arme inoffensive, hein, dont la seule cible est le sourire. Dans la vie, il y en a qui sont intelligents, d’autres qui font des poésies ou qui sont beaux puis, il y en a d'autres qui font des blagues.
T.B.: Tes influences ?
M.M.: Mes parents écoutaient les grands classiques à la radio, Coluche et Desproges. Ils regardaient aussi tous les films de De Funès à la télé. Moi, mon épiphanie, c'est un sketch de Dupontel, « Rambo », dans l'émission de Patrick Sébastien, Carnaval. Quand j'ai vu ça, je me suis dit deux choses : c'est quoi cet ovni et, tout de suite après, c’est ça que je veux faire !

Mathieu Madénian: Quand tu es petit, l’humour est un moyen de te faire accepter. Ça vient de ton environnement familial : tu as envie de faire rire tes parents. Ton père se marre devant De Funès et toi, tu mates ton père et tu te dis, mais bon sang, c'est quoi le pouvoir qu'a ce mec-là pour faire rire mon vieux ? Il faut absolument que j'ai le même ! C'est aussi le fait d'avoir plein de potes qui sont super mignons, qui s'habillent avec les dernières fringues et qui plaisent à tout le monde... Toi tu te dis : va falloir vraiment que je tire mon épingle du jeu. J’ai qu’à essayer d'être marrant, tiens. Sinon, l'humour, c'est aussi une espèce d'arme. Une arme inoffensive, hein, dont la seule cible est le sourire. Dans la vie, il y en a qui sont intelligents, d’autres qui font des poésies ou qui sont beaux puis, il y en a d'autres qui font des blagues.
T.B.: Tes influences ?
M.M.: Mes parents écoutaient les grands classiques à la radio, Coluche et Desproges. Ils regardaient aussi tous les films de De Funès à la télé. Moi, mon épiphanie, c'est un sketch de Dupontel, « Rambo », dans l'émission de Patrick Sébastien, Carnaval. Quand j'ai vu ça, je me suis dit deux choses : c'est quoi cet ovni et, tout de suite après, c’est ça que je veux faire !

T.B.: Et tes débuts ?
M.M.: Moi, à la base, je faisais des villages de vacances dans le sud où j'animais des karaokés. Un jour, je suis monté à Paris pour m'accorder une année sabbatique après mes études et j'ai été engagé tout de suite, dans la série Un Gars, Une Fille pour faire toutes les voix off. Ça m'a permis de rester à Paris et de payer mon loyer. Ensuite, je me suis vraiment mis à bosser, à faire la tournée des Comedy Club, puis je suis passé chez Drucker à Vivement Dimanche… Passer chez Drucker, comme Sébastien, c’était important pour la promo ou pour lancer une carrière. Sans Michel, je ne serais pas en train de te parler.
T.B.: Où trouves-tu l’inspiration pour tes spectacles ?
M.M.: Mes spectacles, c'est toujours des accidents. Le premier, c'est Kader Aoun qui m'a donné la chance de le faire. C'était l'histoire d'un mec de province qui monte à Paris. Un mec du Sud qui monte à la capitale à l'époque, ça ne se faisait pas trop. Là, je me suis régalé. Le deuxième, « En état d’urgence », c'était suite aux attentats de Charlie. Ça m'a donné envie d'écrire. Pas spécialement un spectacle triste, parce que moi, il me fait marrer. Le troisième, je me suis retrouvé pendant le confinement comme un couillon, à Bagnolet loin de ma famille. J'ai voulu écrire sur elle… Le dernier, « À pleurer de Rire », j'ai commencé à l'écrire parce que j'ai eu mon bébé. Je le réécris en fonction de l'âge du petit, c’est un peu évolutif... Puis ce n'est pas que sur le bébé, ce n'est pas que sur le couple, c'est aussi sur un peu tout, c'est un vrai spectacle de stand-up.
T.B.: C’est drôle la paternité ?
M.M.: Devenir père, ça te donne surtout un prétexte pour parler de tout, c'est ça qui est intéressant. C'est-à-dire que tu prends le bébé pour parler de la Russie ou d’écologie. Là, je dis que c’est peut-être un peu con de faire un bébé maintenant alors que c'est la fin du monde. Je vais tout de même l’inscrire aux bébés nageurs, au pire, il flottera. Ça te permet aussi de parler de ton enfant qui va sûrement grandir sous un régime d'extrême droite, tel qu'on est parti. Ça te permet de parler des valeurs que tu veux lui inculquer comme la gentillesse ou le respect de l'autre. Mais tu t'aperçois que quand tu regardes la télé, quand tu es milliardaire, tu fais un peu ce que tu veux. Tu peux faire des saluts nazis, tu peux dire que les femmes, tu les attrapes par la cha... Mais qu'est-ce que je vais lui dire à mon fils ? Sois gentil ou engrange des milliards ? Quand tu vois le procès de Mazan, tu te dis : il va falloir que mon fils, ça soit un bon garçon, que je lui apprenne le consentement. Tu te bases sur l'actualité et ça te renvoie à tes doutes, à tes troubles, à des tas d'interrogations.
T.B.: C’est si dur d’être parents ?
M.M.: Être parents, c’est l’enfer. Déjà, on ne dort pas. J’ai lu que dans la première année, tu perds deux à trois mois de sommeil, c'est monstrueux. Tu ne dors pas et quand il est réveillé, il faut être au taquet parce qu'il faut s'amuser tout le temps avec lui. On tourne avec ma femme pour avoir des nuits correctes, parce que le gosse dès qu’il se lève, il te parle. C'est un tchatcheur, le gars et moi, je suis éclaté. Quand tu as 48 ans, ce n'est pas la même que quand tu en as 30. Et puis moi, j'ai le taf à côté ; il va être marrant le comique quand il est fatigué. Tu comprends mieux à quoi ça servait toutes ces nuits blanches. Ça servait à faire la fête ! Putain, mais le problème, c'est que ces nuits blanches-là, je pourrais même pas les faire maintenant, donc autant que j'ai un gamin.
M.M.: Moi, à la base, je faisais des villages de vacances dans le sud où j'animais des karaokés. Un jour, je suis monté à Paris pour m'accorder une année sabbatique après mes études et j'ai été engagé tout de suite, dans la série Un Gars, Une Fille pour faire toutes les voix off. Ça m'a permis de rester à Paris et de payer mon loyer. Ensuite, je me suis vraiment mis à bosser, à faire la tournée des Comedy Club, puis je suis passé chez Drucker à Vivement Dimanche… Passer chez Drucker, comme Sébastien, c’était important pour la promo ou pour lancer une carrière. Sans Michel, je ne serais pas en train de te parler.
T.B.: Où trouves-tu l’inspiration pour tes spectacles ?
M.M.: Mes spectacles, c'est toujours des accidents. Le premier, c'est Kader Aoun qui m'a donné la chance de le faire. C'était l'histoire d'un mec de province qui monte à Paris. Un mec du Sud qui monte à la capitale à l'époque, ça ne se faisait pas trop. Là, je me suis régalé. Le deuxième, « En état d’urgence », c'était suite aux attentats de Charlie. Ça m'a donné envie d'écrire. Pas spécialement un spectacle triste, parce que moi, il me fait marrer. Le troisième, je me suis retrouvé pendant le confinement comme un couillon, à Bagnolet loin de ma famille. J'ai voulu écrire sur elle… Le dernier, « À pleurer de Rire », j'ai commencé à l'écrire parce que j'ai eu mon bébé. Je le réécris en fonction de l'âge du petit, c’est un peu évolutif... Puis ce n'est pas que sur le bébé, ce n'est pas que sur le couple, c'est aussi sur un peu tout, c'est un vrai spectacle de stand-up.
T.B.: C’est drôle la paternité ?
M.M.: Devenir père, ça te donne surtout un prétexte pour parler de tout, c'est ça qui est intéressant. C'est-à-dire que tu prends le bébé pour parler de la Russie ou d’écologie. Là, je dis que c’est peut-être un peu con de faire un bébé maintenant alors que c'est la fin du monde. Je vais tout de même l’inscrire aux bébés nageurs, au pire, il flottera. Ça te permet aussi de parler de ton enfant qui va sûrement grandir sous un régime d'extrême droite, tel qu'on est parti. Ça te permet de parler des valeurs que tu veux lui inculquer comme la gentillesse ou le respect de l'autre. Mais tu t'aperçois que quand tu regardes la télé, quand tu es milliardaire, tu fais un peu ce que tu veux. Tu peux faire des saluts nazis, tu peux dire que les femmes, tu les attrapes par la cha... Mais qu'est-ce que je vais lui dire à mon fils ? Sois gentil ou engrange des milliards ? Quand tu vois le procès de Mazan, tu te dis : il va falloir que mon fils, ça soit un bon garçon, que je lui apprenne le consentement. Tu te bases sur l'actualité et ça te renvoie à tes doutes, à tes troubles, à des tas d'interrogations.
T.B.: C’est si dur d’être parents ?
M.M.: Être parents, c’est l’enfer. Déjà, on ne dort pas. J’ai lu que dans la première année, tu perds deux à trois mois de sommeil, c'est monstrueux. Tu ne dors pas et quand il est réveillé, il faut être au taquet parce qu'il faut s'amuser tout le temps avec lui. On tourne avec ma femme pour avoir des nuits correctes, parce que le gosse dès qu’il se lève, il te parle. C'est un tchatcheur, le gars et moi, je suis éclaté. Quand tu as 48 ans, ce n'est pas la même que quand tu en as 30. Et puis moi, j'ai le taf à côté ; il va être marrant le comique quand il est fatigué. Tu comprends mieux à quoi ça servait toutes ces nuits blanches. Ça servait à faire la fête ! Putain, mais le problème, c'est que ces nuits blanches-là, je pourrais même pas les faire maintenant, donc autant que j'ai un gamin.
T.B.: Et avec la maman ?
M.M.: Ma femme est plus jeune que moi. À la maison, c'est donc un peu deux mondes qui s'affrontent. Ouais, bon, ils s'affrontent même pas puisque c'est elle qui a gagné avant de commencer. Les grands trucs d'éducation, c'est elle qui va lui apporter, elle a lu tous les bouquins. Moi, j'espère juste qu'il va aimer l'Olympique de Marseille. De toute façon, même le gamin, il sait que je ne sers à rien... Attends, ce n’est pas juste une impression : quand je lui parle, il me regarde avec un air qui dit : écoute, toi, appelle-moi ta N+1 et puis surtout, ne me casse pas les couilles.

T.B.: On t’a filé plein de conseils idiots ?
M.M.: Tous les conseils sont idiots par définition, parce que s'il y a vraiment une expérience qui est unique, c’est bien celle-là. Et puis moi, les conseils... T'as les conseils classiques de nutrition, d'éducation, mais honnêtement, ce que je dis sur scène, c'est faites de votre mieux, c’est tout. J'essaie juste d'upgrader comment mes parents m'ont élevé, juste un petit peu mais déjà, dans la vie que ce soit avec ta femme, ton homme, tes enfants, avec la société, fais de ton mieux. Et même si tu es mauvais, ben tu auras fait ton max. Ne suis pas les conseils TikTok, ça te rentre dans la tête, cette saloperie. T'as une meuf sur Insta qui a dit, si votre enfant pleure la nuit, c'est pour vous avertir qu'il n'est pas mort. Maintenant, quand mon gosse pleure pas, je dors pas parce que j'ai peur qu'il soit mort. C'est complètement con. Et l’instinct alors ? Je suis absolument pas le meilleur des pères, c'est évident, mais au moins mon fils est encore en vie.
T.B.: Tu es un de ces « Nouveaux Pères » ?
M.M.: Il y a un bon livre qui est sorti qui s'appelle L'Arnaque des Nouveaux Pères. C'est une arnaque parce que tu as l'impression avec les réseaux sociaux que les pères prennent leur part de charge mentale mais en fait non. Ils prennent la part de charge mentale Instagramable ! Celle que tout le monde voit, la bonne... Je me mets dans le lot, hein. Quand tu me vois sur les réseaux, je suis en train de faire le con au parc avec mon fils. Mais c'est qui qui a habillé le gamin avant de sortir ? Ma femme. Tu me vois en train de lui donner à manger, mais c'est qui qui a préparé la bouffe ? C'est ma femme. Tu me vois en train de jouer au lit, mais qui c'est qui lui a filé sa douche ? C'est ma femme. Ces pères-là pensent vraiment équilibrer la charge mentale alors qu’ils stabilisent juste leur ego.
T.B.: Pas trop un daron à l’ancienne, non plus ?
M.M.: Quand tu vois un papa promener sa fille ou son fils en milieu de journée un lundi, tu te dis, c'est un bon père. Avant, tu te disais : merde, sa femme est morte ? Les papas, avant, ils n’étaient pas là. C'était facile d'être papa à cette époque, il suffisait de ne pas être là. Mon père, il savait même pas que j'étais à la crèche, il pensait que je bossais. Notre mère nous disait, votre père vous aime mais quand il rentre, ne le regardez pas dans les yeux, allez vous cacher. Il s'asseyait devant la télé et nous, on était sa télécommande. Mets la deux, il disait et nous on courait. Mets la trois, on courait.






