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Dava - La diagonale du bide

02/06
 
 
 
C’est bientôt les vacances. L’été approche, l’hiver nucléaire n’est pas loin alors tout le monde aux abris avec l’humour de niche de DAVA qui vous évitera autant les coups de soleil qu’une leucémie. Au fait, DAVA est un acronyme – nous devrions même l’écrire D.A.V.A. - pour Divertissement Ad Vitam Aeternam, une locution latine. Vu que nous sommes cunnilinguistes, nous vous en donnons notre version : « Rire à en Crever ».
 
Hermétique et complexe, l‘humour de Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos du duo DAVA ne peut se définir que par la négative. DAVA ce n’est ni fun, ni léger, ni comique, ni politique, ni ironique, ni parodique, ni potache, ni satirique, ni noir, ni absurde et encore moins auto-dépréciatif. À la rigueur, nous pouvons parler pour eux d’humour « cringe » ou / et « meta ». Si nous étions sérieux et précis, nous dirions « meta-cringe » mais nous ne le ferons pas. Nous bossons à Fluide et nos lecteurs n’ont pas ce niveau d’exigence. Nous le ferons donc pour nos lectrices. 
Cringe vient de l’anglais to cringe, se recroqueviller. En humour, ça serait un peu l’équivalent de l’astringence pour le goût. Imaginez-vous être si mal à l'aise face à une situation que vous avez à la fois envie de mourir et de rire ? Une sorte de mort de rire de gêne qui vous tasse dans votre fauteuil, les mains sur les yeux, en riant nerveusement, soulagé.e de pas être la personne concernée. Malaisance, gêne, embarras, sont les trois mamelles du cringe auxquelles se nourrit le rire inconfortable au risque d’être douloureux. Quant à la blague méta, c’est de l’humour autoréférentiel, où le sujet de la vanne c’est la vanne elle-même quitte, parfois, à tourner à vide jusqu’à l’abîme.
 
 
Les humoristes anglo-saxons sont un peu les champions de cette comédie « méta-cringe » avec, en tête, Ricky Gervais et sa série The Office ou encore Sacha Baron Cohen et son avatar Ali G. En France, nous ne sommes pas en reste : Eric Judor s’y est risqué avec plus de courage que de talent dans la série Platane et Loris Giuliano s’y frotte sans s’y piquer avec ses interviews chéper de stars. Mais bon, voyez-vous, tout ça pour DAVA, ce n’est que du vulgaire mainstream, du comique déjà trop bien intégré. Eux, ce qu’ils souhaitent c’est être indigeste quitte à rester dans la clandestinité.
 
Sur les scènes les plus sombres de certains comedy club interlopes, les deux affreux ont peaufiné un style unique, froid et snob en apparence, alliage parfait de mauvais goût et de réf intello. Dans leurs sketchs ils empruntent une langue creuse, celle des journalistes télé et radio, des politiques, des start-upers, des YouTubers, des stars du net en toc, pour mieux charrier les horreurs de l’époque ; extrême droite, pédocriminalité et attentat. Puis vient la chute : sèche et choquante, toujours gratuite. DAVA, c’est un saut dans le bide et sans filets, l’humour du risque en somme.
 
Le site internet de DAVA : https://davavad.fr/
Qu’est-ce que DAVA ? 
 
 

LE DAVAVERSE.
Sacha Béhar / Mort Asymptomatique.

Le 11 Juin - Théâtre BO Saint Martin, 19 Bd Saint-Martin, 75003 Paris
à partir de 21h00
Il y a 15 ans, Sacha Béhar faisait ses débuts sur scène à une époque où le stand-up était encore marginal en France. Aujourd’hui que le stand-up est mainstream, c’est Sacha Béhar qui est à la marge. Tant pis, ça lui convient. Dans ce premier spectacle en solo, « Mort asymptomatique », il creuse le sillon Dava - zéro vulgarité, malaise et noirceur – et aborde à froid des thèmes aussi tushy que divers comme le cul, la came, les nazis, et France Miniature. Endossant si bien sur scène le rôle du gendre à la fois idéal et psychopathe que nous peinons à croire qu’il l’abandonne une fois revenu à la vie civile, Sacha maîtrise un art du fiasco très personnel. Son spectacle est une expérience de mise à mort imminente de l’humour : une succession de phrases courtes, anémiques et choc, égrainées par une voix grinçante de vieux présentateur de télé réalité un brin sadique. Toujours sur le fil d’un rasoir bic rouillé, il réussit pourtant à flirter avec la transgression sans lui rouler des pelles ni perdre son public. Le philosophe Wittgenstein aurait dit qu’il aurait voulu écrire une œuvre philosophique qui fût exclusivement composée de blagues (s’il avait eu le sens de l’humour). Sacha Béhar, c’est tout le contraire.
 
 
Fiche de Lecture.
En 2014, Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos s’en prennent au phénomène BookTube, ces vidéos ultra formatées visibles sur le net où amateurs et amatrices de «littératchur’» s’improvisent critiques pour finir en simples relais de communication d’une industrie en pleine dégringolade. À ce format, dont ils exècrent autant les codes bourgeois que la posture intellectuelle, ils répliquent par une web-série "Fiche de Lecture" à l’humour idiot et malsain. Face caméra, dos à une bibliothèque garnie de livres, ils y commentent avec une acide indolence l’actu littéraire, sabordent les grands classiques comme les contemporains et dérivent pendant des plombes bien loin, mais alors bien loin, du sujet du jour. Pour mener à bien ce massacre aussi étrange que gratuit, le duo s’est réparti les tâches : Sacha, version sardonique du clown blanc, déverse son fiel, tandis qu’Augustin, auguste malveillant et sombre, savonnent la planche à toute élévation spirituelle. Parmi leurs victimes : Platon, Bret Easton Ellis, Charlotte Brontë, Macron, Houellebecq, André Agassi, Murakami et Windomws 7... Sans oublier ce con de Saint-Exupéry et son fameux Petit Prince crucifié comme il se doit par cette conclusion lapidaire : « Rien de moins qu’une apologie du tourisme sexuel spatial. Pour autant, la mocheté des aquarelles de l’auteur est la meilleure manière de faire comprendre aux enfants que l’on est pas obligé d’envahir la Pologne quand on ne sait pas dessiner. » Ces "fiches de lecture" furent réunies dans un livre par les éditions Marabout en 2017 avec pour accroche « Déjà 500 vues sur YouTube ». Nous sommes en 2024, je doute que le score ait augmenté... Ah, oui, nous allions oublier. Si malgré l’effort de guerre, vous avez encore du fric à claquer, ce chef d’œuvre se vend à plus de 100 euros sur les plateformes de vente en ligne, sinon votre ration de gêne est dispo gratuitement ici : 
 
 

Tybalt.
Le duo DAVA accumule les spectacles (déjà le DAVA 9) et enquille les vidéos mais, attention, pas les vidéos de spectacles. Non, non, non. Jamais de captas mais de vraies créations audiovisuelles assez proches du cinéma d’auteur sans magnésium. La dernière en date, TYBALT, est un long "champ-contrechamp" où les deux protagonistes débattent très sérieusement de sujets très sérieux comme la politique française ou la masturbation ou Bernard Campan. C’est un peu comme si JL Godard avait réalisé un court métrage de Pierre La Police avec la monnaie des courses à la boulangerie.


 

 
NUMERICO. https://www.youtube.com/@numerico29000
Encore un podcast inspirant et impactant qui prône la bienveillance, le respect, le partage et les échanges ? Ouais, mais c’est celui de DAVA, animé par Augustin Shackelpopoulos et ça vaut le coup d’oreille rien que pour le feat Reanud Vs Crazy Frog. En comment : « Le résultat est une splendeur nietzschéenne aux mille richesses, un barrage contre le chaos, un objet hybride mêlant dream-pop et folk synthétique aux sonorités cubaines. Les plus grands tubes sont sur Numérico. »
 
 
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